Au début des années 90, avant l’arrivée du World Wide Web, une technologie a régné en maître sur le monde de l’internet : le protocole Gopher. Dans cet univers préhistorique du web, un nom ressort également : VERONICA. Ensemble, ces deux systèmes ont permis à l’utilisateur d’accéder à des ressources et informations en ligne grâce à leur simplicité et efficacité. Découvrons ensemble l’histoire et le fonctionnement de ce duo légendaire.
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Le protocole Gopher : une approche novatrice pour accéder à l’information en ligne
En novembre 1992, le protocole Gopher voit le jour, conçu par l’équipe du Computing and Information Services de l’Université du Minnesota aux États-Unis. Le nom « Gopher » est un jeu de mots qui fait référence autant au rôle principal de cette technologie (aller chercher des informations dans les serveurs) qu’à la mascotte de l’université, le gopher (spermophile).
Ce protocole avait pour but de répondre aux besoins croissants des internautes en matière de recherche et d’accès aux informations en ligne. Il se base sur une navigation simplifiée et hiérarchisée via un système de menus textuels permettant d’explorer divers types de documents ou fichiers disponibles sur des serveurs spécifiques, appelés serveurs Gopher. Ainsi, l’utilisateur pouvait accéder facilement aux données désirées sans utiliser un navigateur web, car il suffisait d’utiliser un client Gopher.
L’architecture client-serveur de Gopher
Dans le protocole Gopher, l’information est structurée selon une architecture client-serveur. Le client Gopher se connecte au serveur Gopher en utilisant un port spécifique (généralement le port 70) permettant ainsi l’échange entre les deux parties. Une fois la connexion établie, le client reçoit un menu principal sous forme de liste textuelle contenant des liens vers d’autres menus ou documents et autres types de fichiers multimédias. L’utilisateur navigue alors parmi ces différents éléments à l’aide des flèches directionnelles du clavier et grâce à la touche entrée pour sélectionner l’élément souhaité.
Au fur et à mesure de la navigation, le client Gopher fait appel à divers serveurs Gopher qui hébergent les informations recherchées. De cette manière, l’utilisateur peut accéder à différentes sources d’informations stockées sur des serveurs distants, sans avoir besoin de s’y rendre physiquement ni de comprendre leur fonctionnement.
VERONICA : un moteur de recherche avant l’heure
Parallèlement au protocole Gopher, un autre outil vient compléter ce système en offrant aux internautes une solution encore plus efficace pour trouver les informations désirées : VERONICA (Very Easy Rodent-Oriented Net-wide Index to Computer Archives). Lancé en 1993, VERONICA est un moteur de recherche dédié au monde de Gopher, et représente ainsi une étape importante dans l’évolution des technologies de recherche en ligne.
Comment fonctionne VERONICA ?
Le principe derrière VERONICA est assez simple : ce moteur de recherche indexe le contenu des serveurs Gopher à travers le monde et permet ainsi aux internautes d’effectuer des recherches par mots clés. Les résultats sont ensuite présentés sous forme de liens cliquables menant directement au menu ou au document correspondant sur le serveur Gopher concerné. Cela permet non seulement de gagner du temps en évitant la navigation manuelle mais aussi d’accéder à des ressources auxquelles l’utilisateur ne savait pas qu’il avait accès.
Afin d’assurer un indexage régulier et efficace, plusieurs instances de VERONICA étaient capables de communiquer entre elles pour partager leurs bases de données respectives. Ainsi, l’internaute avait accès à un index global provenant de différentes sources, et pouvait réaliser des recherches précises grâce à un système de pondération basé sur la pertinence, la popularité, et autres critères déterminants pour optimiser les résultats de recherche.
Un duo remplacé par le World Wide Web et les moteurs de recherche modernes
Même si Gopher et VERONICA ont marqué profondément l’univers de l’internet à leurs débuts, avec une utilisation massive et un développement constant, ils n’ont pu résister face à l’apparition du World Wide Web et des premiers navigateurs web qui offraient des interfaces plus intuitives et des capacités multimédias avancées. De plus, les moteurs de recherche modernes ont proposé des méthodes toujours plus performantes pour accéder à l’information en exploitant pleinement la puissance du web.
Toutefois, il est intéressant de se replonger dans cette époque pionnière de l’informatique et d’étudier les apports de Gopher et VERONICA. Leur simplicité, leur accessibilité sans navigateur, et le respect de la vie privée des utilisateurs (absence de cookies et pistage) peuvent encore aujourd’hui susciter réflexions quant aux enjeux technologiques actuels et futurs.
Au-delà de l’histoire : des technologies encore utilisées
Alors que Gopher et VERONICA appartiennent désormais au panthéon des précurseurs de l’internet, quelques passionnés continuent d’utiliser et développer ces technologies. Quelques serveurs Gopher subsistent, notamment pour des raisons nostalgiques ou pour offrir une alternative à l’hégémonie du web. Quant à VERONICA, même si son utilisation a largement diminué, son héritage vit toujours grâce aux moteurs de recherche actuels qui n’ont cessé d’évoluer pour répondre aux besoins des internautes en matière de recherche et d’accès à l’information en ligne .